top of page

La métacognition et la réussite de l'élève

Qu’est-ce que la métacognition ?


La métacognition est la représentation que l’élève a des connaissances qu’il possède et de la façon dont il peut les construire et les utiliser. Un des meilleurs prédicateurs de la réussite scolaire est justement la capacité de l’élève à réfléchir sur ses connaissances et à comprendre les raisonnements qu’il engage pour utiliser et construire de nouvelles connaissances. Il faut donc rendre les élèves conscients des stratégies d’apprentissages qu’ils mettent en œuvre pour apprendre et comprendre le monde. La métacognition est indissociable de connaissance de soi et de confiance en soi. Ce sont des concepts-clés sur lesquels l’enseignant se base pour élaborer la relation entre l’élève et le savoir. “C’est par la médiation cognitive que l’enseignant donne à l’élève les moyens d’apprendre et donc les clés pour sa réussite scolaire” (Barth, 1993). Il va permettre à l’élève d’apprendre à utiliser au mieux ses mémoires c’est-à-dire l’amener à construire des compétences métamnésiques.

 

1. La métamémoire

“ Savoir ce que je sais de ce que je ne sais pas ”. C’est la métamémoire d’après les chercheurs. Ce premier aspect, savoir quand on sait ou quand on ne sait pas, représente une forme de conscience de soi. Être un bon élève, c‘est apprendre à être conscient de sa propre intelligence – au sens de connaissances – et du degré que peut atteindre alors sa propre compréhension. Un “bon” élève peut parfaitement dire qu’il ne sait pas, simplement parce qu’il exerce un contrôle permanent sur ses propres connaissances. L’élève “médiocre” ne sait pas ou à peur de savoir, la plupart du temps, s’il sait ou s’il ne sait pas. Le professeur va également apprendre à l’élève à construire l’outil mental : savoir raisonner.

2. La métarésolution de problèmes ou métacompréhension

Comprendre que pour résoudre le problème plusieurs chemins sont possibles. Tout, en classe, est situation de résolution de problème pour l’élève. Pour le tout petit, le problème est de mettre son manteau, pour le plus grand c’est de comprendre les quatre opérations mathématiques, pour le plus grand encore c’est de traiter un problème de physique, etc. Quel que soit le niveau de complexité de la tâche à effectuer, il faut que chaque élève comprenne que celui qui trouve très vite la solution c’est celui qui utilise un enchaînement d’opérations mentales efficaces. Il est facile de constater que l’idée du bon élève cristallise chez ceux qui réussissent moins bien, la certitude que c’est parce que c’est l’autre qu’il trouve. Par contre comprendre que l’autre a mis en place des habiletés cognitives ignorées de lui jusqu’alors, voilà une attitude qu’il doit apprendre à construire et qui sera pour lui d’une efficacité réelle. Il pourra alors accepter l’idée que savoir raisonner, ce n’est pas inné, cela s’apprend : apprendre à comprendre les mots clefs du texte ou le contenu des questions du problème, identifier les prérequis ou les connaissances préalables qu’il doit maîtriser pour comprendre, trouver le but à atteindre, isoler les variables à manipuler, comprendre qu’il y a plusieurs chemins qui peuvent conduire à la solution, accepter que se tromper de chemin ou en d’autres termes ne pas trouver la bonne réponse, c’est normal puisque la connaissance n’est pas encore maîtrisée. En bref, identifier les informations pertinentes, mettre en lien ces informations en formulant une hypothèse, chercher de nouvelles informations pour valider ou invalider l’hypothèse, et recommencer tant que la bonne solution n’est pas trouvée, c’est ce parcours qui s’appelle raisonner. Tout simplement, cette habileté mentale est une compétence socle pour comprendre et apprendre. Mais quand est-elle enseignée dans nos établissements scolaires secondaires ? Enfin, le professeur va permettre à l’élève de garder une réelle estime de lui, sinon, les difficultés pour apprendre vont d’installer…

3. Métacognition et confiance en soi

L’effet délétère du manque de confiance en soi sur les performances scolaires de l’élève est avéré. Le manque de confiance en soi génère chez l’élève un sentiment de peur de faire – même s’il s’en défend et prend une attitude d’indifférence – qui mobilise ses ressources mentales. Il n’a plus alors assez de ressources pour utiliser les mémoires qu’il a préalablement construites, qu’il s’agisse de savoirs scolaires proprement dits ou de savoir faire comme savoir raisonner. La situation est alors un cercle vicieux : il n’a pas confiance en lui, il ne peut mobiliser ses connaissances tant cognitives que métacognitives ; mais comme il ne peut utiliser les savoirs préalables, il ne peut réajuster des compétences métacognitives nécessaires pour comprendre et donc apprendre. C’est là l’histoire banale d’un élève en difficulté d’apprentissage. Qu’est-ce qui est fait au sein de sa situation scolaire pour lui permettre de sortir de ce terrible engrenage avant qu’il ne soit trop tard pour lui ? Comment développer chez les élèves une attitude positive sur eux-mêmes ? En bref, il est possible de nommer les différentes compétences métacognitives que l’élève doit manipuler tout au long de sa scolarité :

4. Les différentes compétences métacognitives

Les élèves doivent apprendre et utiliser tout au long de leur parcours scolaire les compétences métacognitives suivantes:

  1. savoir observer

  2. savoir être attentif

  3. savoir gérer ses émotions

  4. savoir utiliser ses mémoires

  5. savoir raisonner

  6. savoir comprendre et apprendre

En bref, tous les élèves doivent savoir tout simplement de quels outils mentaux ils ont besoin pour apprendre les savoirs scolaires ou “le socle de compétences” que l’école a l’ambition de leur faire acquérir : l’idée n’est pas nouvelle et pourtant dans les réalités de classes ces compétences sont tellement du domaine de l’implicite que la plupart des élèves ignorent quelles sont les clefs indispensables pour ouvrir la porte de la réussite.

5. Les compétences métacognitives dans les référentiels

La grande question est maintenant de comprendre si ces compétences font partie de l’engagement de l’école. Ou autrement dit, qu’est-il dit à propos des compétences métacognitives dans les programmes officiels ? Dans le cadre des programmes du cycle 3, à propos de la maîtrise du langage et de la langue française, les compétences dites générales sont précisées. Il est écrit ” Les compétences générales concernent toutes les activités intellectuelles mises en jeu par l’élève et toutes les formes de communication qui s’établissent dans la classe… Par exemple, prendre la parole devant la classe pour expliquer ce que l’on a fait ne s’improvise pas. Cela suppose une technique particulière : quels aspects du travail fait doit-on rapporter ? Dans quel ordre, de quelle manière ? En prenant appui sur quel type d’aide mémoire ? “ Il est regrettable que rien ne soit écrit à propos des compétences métacognitives, Utiliser un aide-mémoire c’est évidemment intéressant pour apprendre, mais comment faire pour que l’élève comprenne comment fonctionnent les mémoires humaines afin qu’il conçoive lui-même un outil qui l’aide réellement à construire et à utiliser ses propres mémoires ? Le savoir raisonner fait partie de la grille d’évaluation de certaines épreuves du baccalauréat. Comment sont mises en jeu en classe ces compétences liées au savoir raisonner ? Quelles sont les activités au sens institutionnel du terme que l’enseignant imagine ou pourrait imaginer pour permettre aux élèves de construire des compétences socles c’est à dire des compétences nécessaires pour apprendre les savoir scolaires ou “compétences métacognitives” ?

Innover en s’appuyant sur ce type objectif dans le cadre de dispositif comme celui du Parcours Personnalisé de Réussite Educative, ou PPRE, parait une nécessité. Voilà, en effet, un nouveau dispositif dont l’efficacité sera liée à la façon dont les enseignants, les parents, les responsables institutionnels comprennent la notion “de difficultés d’apprentissage”. Si pour certains les difficultés d’apprentissage sont strictement liés au fait que le jeune ne maîtrise pas les savoirs scolaires, les initiatives seront vaines quand elles n’auront pour seuls objectifs que de combler les déficits scolaires des élèves. Par contre penser que les retards dans les apprentissages scolaires, les difficultés d’apprentissage, sont liés au fait que l’élève n’a pas acquis les compétences nécessaires pour apprendre, cette démarche sera d’une réelle efficacité. “Il a perdu confiance en lui”, voilà souvent le seul verrou qui bloque le développement intellectuel du jeune ! L’ensemble des outils mentaux que l’enseignant et les adultes qui l’accompagnent doivent lui permettre de s’approprier constituera ses compétences métacognitives et l’aidera à apprendre les savoirs scolaires. Les PPRE sont, comme bien d’autres dispositifs qui proposent un accompagnement individualisé du jeune, un extraordinaire levier pour penser autrement l’élève dans son parcours et développer la pédagogie de la métacognition. Pour enfin lui donner le socle de compétences dont il aura besoin pour apprendre les “compétences socles”.


bottom of page